Lu en : Novembre 2017

Je referme à l’instant « Amelia » avec la gorge nouée après la lecture du dernier chapitre. En effet, je suis lectrice, mais avant tout maman, et la lecture de ce thriller me renvoie inexorablement à mes peurs primitives, celles que connaissent vraisemblablement toutes les mères, à savoir la peur de perdre un enfant. D’autant plus que l’âge d’Amelia est fort proche de celui de mon aînée.

Amelia, 15 ans, a sauté du toit de son école. Pour sa mère, qui l’élève seule depuis sa naissance, le suicide d’Amelia sonne, en plus d’une perte totalement indescriptible, comme une accusation de son échec en tant que mère accaparée par son travail. Lorsque un sms anonyme lui signifie qu’Amelia n’a pas sauté, elle s’accroche à son besoin de vérité qui n’est, somme toute, probablement qu’un besoin de se déculpabiliser… Cependant, pour découvrir la vérité, il va lui falloir plonger dans l’intimité de sa fille, à travers ses mails, ses sms… Et pour une mère, qui pense tout savoir de son enfant, cette plongée dans le jardin secret propre à l’adolescence se révèle un périlleux et douloureux voyage… qui lui réserve bien des surprises !

Je le connais, ce sentiment vain mais auquel on s’accroche en tant que parent d’être sûr de si bien connaître son enfant… Et pourtant, je sais aussi qu’il vaut mieux que nous ne connaissions pas l’intégralité de leurs pensées secrètes car, même si c’est dur à accepter, même s’ils sont au départ un morceau de nous, ils sont en réalité un être bien distinct. Nous les aimons pour cela, et nous souffrons parfois par cela. Parce qu’il faut les laisser s’envoler.

Finalement, si l’intrigue, quoi que bien menée, n’est qu’un rappel constant de notre incapacité à pouvoir stopper un engrenage, ce qui m’a le plus marquée est ce renvoi vers ma propre personnalité de maman, pas toujours parfaite (métro, boulot, dodo…). Suis-je suffisamment présente ? Suis-je suffisamment attentive ? Je le pense, je l’espère, je veux y croire… La vie m’en apportera la réponse au fil des ans.

On a deux points de vue dans ce livre : celui de Kate, la mère, avec pour point de départ le jour du décès de sa fille… Et celui d’Amelia, qui démarre quelques semaines avant sa mort. J’ai eu plus de mal avec les passages qui concernaient Amelia. Peut-être parce que l’auteur s’est bien mise à la place de l’adolescente, ce qui me paraissait, à moi, compliqué. Cette alternance entre les deux protagonistes permet néanmoins de donner de la dimension à l’avancée de l’intrigue.

En bref, une belle et dure lecture. Qui sera prise différemment, je pense, selon que le lecteur est ou non la maman d’une jeune fille d’au moins 15 ans…