« Ça raconte Sarah » – Pauline Delabroy-Allard

Lu en : Décembre 2018

ça raconte sarahMe voilà en très grosse difficulté pour vous parler de ce livre en toute objectivité… D’ailleurs, autant vous le dire tout de suite, c’est mort, je ne serai absolument pas objective ! Lu dans le cadre du Prix Première, « Ça raconte Sarah » nous conte une histoire d’amour soudaine, envahissante, dévorante, inattendue, ainsi que toutes les dérives qui vont avec. Pour nous montrer la violence de son amour pour Sarah, la narratrice ne nomme qu’elle. Sarah et son omniprésence, Sarah et sa folie, Sarah et ses caprices. Sarah, son amour…

D’une passion destructrice, l’histoire de Sarah et de la narratrice en a tous les aspects. Bien, me direz-vous une belle histoire d’amour qui nous emporte ! C’est d’ailleurs l’avis de beaucoup de lecteurs (et de certains jurés du Prix Première !) qui ont aimé le fait que la narratrice prenne le temps de vivre son amour et de vivre son chagrin… Pour ma part, cette lecture ne fut pas seulement une déception mais surtout, surtout, une allumette qui déclencha les fougues de ma colère ! Colère contre la narratrice, colère contre les stéréotypes, colère contre les ficelles inutilisées de l’histoire. Si j’admets bien volontiers que le style d’écriture est poétique et a son lot de qualités esthétiques, je n’ai pas pu admettre les réactions de la narratrice. Elle a une fille, vaguement effleurée et nommée « l’enfant« . La passion homosexuelle qu’elle entretient avec Sarah n’est en rien responsable des barrières de leur amour. J’admets que de nos jours, ça n’a plus rien d’inhabituel, mais je doute quand même que tous ceux qui passent par la révélation tardive – je rappelle que la narratrice a une fille ! – de leur homosexualité le vivent avec une telle sérénité, ne fut-ce que par les réactions de leur entourage ! Ensuite, il y a cet abandon de la narratrice, de sa vie, de son enfant, de sa raison… Une plongée dans les enfers d’un chagrin d’amour que je juge (et c’est vraiment personnel !) complètement inadmissible et égoïste. Prendre du temps pour vivre son chagrin, ok, passe encore, mais se laisser dépérir en dépit des conséquences et en n’imaginant pas même une seule seconde l’effet que ce comportement aura sur le futur de son entourage (coucou, « l’enfant », tu t’en rappelles ???), cet aspect m’a mise hors de moi ! Mes collèges jurés vous le diront, parler de ce livre déclenchait chez moi une réaction quasi épidermique ! Autant je peux être quelqu’un de très empathique, autant je déteste le laisser-aller, l’apitoiement. Vous vous en étiez rendu compte dans ma manière d’appréhender « The Girls » ou encore « Le faire ou mourir » ! Cependant, je veux souligner que mon avis est loin, mais alors loin de faire l’unanimité… Les critiques qui fleurissent sur la toile sont dithyrambiques et j’ai conscience d’être une fois de plus à contre-courant. Mais cela s’explique par un vécu, une histoire, qui m’ont façonnée et ont fait de moi une adepte du « Bounce » de Bon Jovi…

I been knocked down so many times
Counted out 6, 7, 8, 9
Written off like some bad deal
If you’re breathing you know how it feels
Call it karma, call it luck
Me, I just don’t give a
Bounce, Bounce Nothing’s gonna keep me down
Bounce, Bounce Stand up, shout it out
Bounce, Bounce I play hard, I play to win
Count me out, count me in
I’ll be bouncing back again

Pour aller plu loin et avec plus d’objectivité, je vous suggère les avis suivants :

Voilà, c’est fait, cette chronique que je redoutais est enfin écrite ! Merci à mes « collègues » jurés du Prix Première d’avoir supporté mes nombreux coups de sang à chaque évocation de ce texte !

21 réflexions sur “« Ça raconte Sarah » – Pauline Delabroy-Allard

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  2. C’est compliqué d’être objective – le sommes-nous vraiment, même en nous y forçant ? En tout cas, même si je compte bel et bien lire ce roman, j’ai trouvé ton retour intéressant. Si ça se trouve, la narratrice est tellement ravagée qu’elle n’arrive pas à gérer son enfant, etc. Je le découvrirai en le lisant, quand la copine qui doit me le prêter l’aura récupéré 😉

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