« La sentence » – John Grisham

Lu en : Avril 2020

CVT_La-sentence_3293Le confinement ne m’a pas empêchée de lire, même si je n’ai pas vraiment augmenté mon rythme. Il m’a par contre tenue loin de mon clavier. Mais je suis toujours là et de retour ! Et quoi de mieux que de reprendre avec la chronique de l’un de mes auteurs préférés, et ce, depuis de longues années : j’ai nommé John Grisham !

J’ai toujours adoré ses écrits, car il a la particularité de nous ensevelir de termes juridiques et de développements de procédures sans que nous nous sentions perdus à quelque moment que ce soit. Et quand on connaît les méandres des cours de justice américaines, nul doute qu’il s’agisse là d’un exploit !

Dans les particularités de Grisham, on retrouve aussi sa faculté à décrire sans jugement moralisateur mais avec une justesse historique simple et touchante la situation des noirs américains dans les États du Sud.

« La sentence », s’il intègre pas mal de ces éléments qui font la signature de Grisham, est néanmoins différent. Et croyez-moi, quand on est confinés et prêts à se plaindre du moindre léger désagrément d’être enfermé chez soi avec ses livres/séries/réseaux… la lecture de certains passages de la sentence a vite fait de vous rappeler à quel point votre canapé est exagérément confortable !

L’histoire débute un matin des plus banals. Pete Banning habite Clanton, Mississipi. C’est un vétéran de la Seconde Guerre mondiale, un vrai héros local. Il dirige une ferme qui s’en sort plutôt bien, ses deux enfants ont entamé de belles études. La guerre a bien failli le tuer, mais il est rentré certes blessé, mais largement décoré et honoré. Pourtant, ce matin-là, il se lève et, calmement, après avoir mis ses affaires en ordre, se dirige chez le révérend Dexter Bell qu’il abat froidement avant de se livrer sans difficultés aux autorités. Une fois emprisonné et bien qu’il risque la chaise électrique, il reste désespérément muet et n’explique son geste à personne. Il prétend n’avoir rien à dire.

L’acte, le procès, l’issue, font l’objet de la première partie du livre. Avec son analyse chirurgicale des éléments, Grisham parvient pourtant à ne pas être froid. C’est son talent, et on ne s’en lasse pas. Ensuite, l’auteur va s’atteler à nous parler du Pete Banning d’avant le meurtre. Que ce soit  le fougueux jeune militaire, l’amoureux transi, le fils respectueux d’entretenir le domaine familial, le père comblé, le patron humain. Autant d’éléments qui forgent notre compréhension de la personnalité de Pete Banning tout en nous donnant l’impression que son geste en est encore plus inexplicable… A moins que ? Vient ensuite l’horreur de la seconde guerre pour Pete Banning, alors qu’il est fait prisonnier des Japonais. L’angoisse, pour la famille restée au pays.

Il y a aussi l’après-procès pour meurtre et les répercussions judiciaires pour les enfants Banning. Une belle nouvelle démonstration des failles juridiques dans lesquels s’engouffrent les plus vils opportunistes.

Finalement, on l’aura, l’explication tant attendue, mais tellement proche du mot fin qu’on a craint qu’elle ne vienne jamais ! Et est-ce qu’elle correspond avec ce que notre imaginaire a cru déceler ? Ça, bien sûr, je préfère vous laisser le découvrir…

Moi qui ne suis pas forcément fan des récits de guerre, j’ai traversé ce passage du livre en apnée, horrifiée une fois de plus par les actions qu’ont commises nos pairs. Car peu importe la nationalité, en temps de guerre, l’humain se transforme en machine à torturer et à tuer. Une vie, si elle appartient à l’ennemi, n’a pas plus de prix que celle d’un cafard répugnant. Alors forcément en cette période, ça aide à relativiser. Parce que si l’histoire de Pete Banning est une fiction, ce qu’il développe s’est bel et bien passé.

Une fois de plus, le talent de Grisham s’est exprimé avec force et précision. Son détachement dans sa manière d’écrire et surtout de décrire pourrait laisser penser à une totale absence d’émotions. Mais si c’est le cas dans la manière clinique d’aborder le récit, le résultat pour le lecteur n’en est évidemment pas dépourvu ! Sous couvert d’une plume à la mécanique bien huilée, Grisham provoque interrogations, émotions, réflexions. Il est clair qu’on n’aborde pas l’un de ses livres si l’esprit ne lui est pas dédié à 200%, c’est pourquoi je m’assure toujours d’être mentalement disponible pour me plonger dans ses romans.

Une réussite de plus qui confirme la place historiquement privilégiée de Grisham dans mon cœur de lectrice.

Un grand merci aux Editions JC Lattès et à la plateforme NetGalley pour cette lecture !

31 réflexions sur “« La sentence » – John Grisham

    1. Son style est particulier et il a la particularité d’être parfois vraiment surprenant ! J’ai souvenir d’un de ses livres ou le style mécanique était poussé à l’extrême, un récit presque journalistique et déshumanisé, pour me rendre compte finalement qu’il s’agissait d’une histoire vraie ! 😱 Ils en ont même fait un reportage Netflix. L’accusé. Ce n’est pas non plus un adepte des happy end, je me souviens d’avoir boudé sur mon livre « La Confession » pendant quelques jours tant l’un des twists m’avait secouée… Bref, une des choses que j’aime chez lui est cette capacité à se renouveler et à suivre ses envies plutôt que celles de ses lecteurs, ce qui fait qu’on peut toujours tombé sur un qui plaise moins… Dans mes préférés, il y a « la firme », « Le client », qui ont fait de très belles adaptations ciné qui n’ont pas trop mal vieilli (je les ai revus récemment !) Enfin voilà, je pourrais parler de lui des heures durant 😁

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    1. Il faut voir si ça ne te dérange pas de lire des histoires qui datent un peu mais le client est particulièrement génial, la firme aussi… sinon, plus récent, j’avais beaucoup aimé l’allée du sycomore.. Ou encore la confession, vraiment excellent même si c’est sur ce livre que j’ai eu un tel choc que j’ai refusé de l’ouvrir pendant 3 jours ! 😁

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