« Sorginak » – Ophélie Cohen

Lu en : Octobre 2024

Être une femme n’a jamais été une chose facile. Mais être, en plus, la descendante d’une longue lignée de sorcières, qui vivent un peu en marge de la société, dans une famille composée uniquement de femmes qui interdisent l’accès à leur demeure à quiconque n’est pas du clan, voilà qui a encore considérablement compliqué l’enfance et l’adolescence de Maïder. Devenue adulte, elle a décidé d’en partie rompre avec ses traditions familiales en emménageant à Bayonne, seule, pour y mener sa vie et sa carrière, à mille lieues de la vie que sa mère, sa grand-mère, sa tante et sa cousine vivent dans ce petit hameau du Pays-Basque. Non qu’elle les rejettent entièrement, elle revient même de temps à autre pour fêter avec elles quelques rituels sacrés, qui tiennent plus du folklore que de la véritable sorcellerie. Mais sa vie est ailleurs. Pourtant, la nuit du solstice d’hiver que Maïder a passé avec sa famille, elle disparaît. Il semblerait que la chasse aux sorcières soit réouverte…

Avec ce récit, ce titre, cette couverture, Ophélie Cohen ose tout !

Ne nous y trompons cependant pas : Point de magie au sens fantastique du terme, mais la magie du savoir, de la nature, de l’amour familial, voilà ce qui se cache dans ces lignes. En situant son récit dans cette région que l’auteure aime tant, c’est tout son lectorat qu’elle emmène avec elle, car j’y étais, moi aussi ! Je sentais le soleil sur ma peau, les odeurs m’enivraient. Ce clan de femmes fortes m’a immédiatement séduite, tout comme Maïder, qui, même si elle veut échapper au poids des traditions, y revient toujours…

Au-delà de la disparition de Maïder, l’histoire nous emmène confronter la médecine moderne aux savoirs ancestraux. On y comprend que la détresse et le désespoir peuvent mener à tout, au meilleur comme au pire. Ce qui me fait dire que ce roman est avant tout une ode à la différence. Qui sommes-nous pour décider qu’une façon de vivre vaut mieux qu’une autre ? Si c’est le message de l’auteure, elle le transmet sans militantisme aucun, avec juste la force de sa plume délicate et touchante, qui trace un chemin vers notre inconscient. D’un côté comme de l’autre, il faudra se remettre en question. Car si les intentions sont nobles, rejeter le modernisme n’a probablement pas plus de sens que rejeter les traditions et les savoirs ancestraux.

Mais cette approche n’est pas la seule ligne directrice du récit, car l’auteure ne néglige pas le suspense, bien au contraire ! Et lorsque se dessine la tragédie, le lecteur est atterré, impuissant !

Dans son chaudron littéraire, la sorcière Ophélie a déposé une pincée de légendes, un soupçon de tradition, un zeste de sororité, une pointe de drame, un accent d’actualité et un nappage au Pays-Basque. Un dosage parfait pour que ce livre que l’auteur décrit elle-même comme « féminin, mais pas féministe » et que j’ai dégusté avec grand plaisir !

Et si vous souhaitez entendre l’auteur nous parler de son livre dans « LaBoîte » de Frédéric Ernotte, c’est par ici…

17 réflexions sur “« Sorginak » – Ophélie Cohen

  1. Hello Nath 🌞 « Dans son chaudron littéraire, la sorcière Ophélie a déposé une pincée de légendes, un soupçon de tradition, un zeste de sororité, une pointe de drame, un accent d’actualité et un nappage au Pays-Basque. « : une recette qui attise la curiosité et ouvre l’appétit, je suis bien tentée 🤩 Merci à toi pour la découverte 😉

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  2. Son roman Héloïse m’attend dans ma pile à lire, peut-être qu’après je me laisserais tenter par celui-ci. Apparemment cette lecture t’a transportée, c’est chouette. Avec une ode à la différence, a la tolérance et une bonne dose de suspens, c’est une recette qui donne envie ! 🙂

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