« L’escadron blanc » – Christophe Royer

Lu en : Décembre 2025

Avant de commencer, je tiens à remercier chaleureusement Christophe Royer pour l’envoi de son roman. Il le sait, je suis une inconditionnelle de sa série avec l’héroïne Nathalie Lesage. Il me tardait de découvrir ce roman qui semble lui tenir à cœur et qui, une fois n’est pas coutume, est sorti en autoédition.

Dans L’Escadron blanc, l’histoire nous emmène à travers le regard de plusieurs personnages.
D’un côté, on suit Sylvain, un homme qui a des comptes à régler. Il traque ses proies avec un objectif très clair : les éliminer. Une démarche froide et méthodique, qui installe rapidement une tension pesante.

De l’autre côté, on découvre Nathan, Sarah et Liam. Nathan revient passer l’été dans sa Provence natale avec son ami Liam, rencontré en Australie où il vit désormais. Tous les deux travaillent sur un reportage consacré au débarquement en Provence, et plus précisément à certains aspects moins connus de cet épisode historique. Ils logent dans la famille de Nathan et, très vite, quelque chose les inquiète : l’une des jeunes sœurs de Nathan ne va pas bien. Sans en parler aux parents, ils décident de lui venir en aide.

Mais ce qui devait être une situation intime et familiale va rapidement les dépasser. En creusant, ils découvrent des éléments bien plus graves que ce qu’ils imaginaient au départ. C’est dans ce contexte qu’ils croisent la route de Célia, une journaliste freelance aussi déterminée qu’insaisissable, bien décidée à révéler au grand jour un scandale d’ampleur.
Malgré sa méfiance et son côté fuyant, Nathan (de son plein gré) et Liam (un tantinet forcé) vont choisir de lui prêter main-forte, et s’engager dans une quête qui va les entraîner bien plus loin que prévu.

La force de ce thriller repose avant tout sur la puissance de ses thématiques et sur la dimension humaine de ses personnages.

Le récit interroge notamment les dérives de l’élitisme, l’entre-soi et le sentiment d’impunité qui peut en découler. Il questionne aussi la notion de justice, qu’elle soit institutionnelle ou personnelle, ainsi que la manière dont certaines fautes, recouvertes par le silence et le temps, finissent toujours par refaire surface.
On y retrouve également des thèmes forts comme la mémoire, le déni, la responsabilité collective, mais aussi le détournement du soin et de la médecine, normalement associés à l’éthique et à la protection. Des sujets sombres et dérangeants, que je préfère volontairement évoquer de manière un peu vague pour ne pas divulgâcher.

D’autant plus que l’auteur précise que certains faits évoqués dans le roman s’inspirent de réalités bien concrètes, ce qui rend le récit particulièrement glaçant. Ce sont d’ailleurs des thématiques dont j’avais déjà entendu parler et qui, à titre très personnel, ont conditionné certains de mes choix médicaux. Mais je n’en dirai pas plus.

Le roman doit aussi beaucoup à son trio de personnages : Nathan, Sarah et Liam. Un trio très réussi, attachant et crédible. Ils ne sont ni idéalisés ni parfaits : ils font des erreurs, prennent parfois de mauvaises décisions, et c’est précisément ce qui les rend profondément humains.
Nathan, notamment, est un personnage impulsif, parfois un peu fonceur, mais difficile de ne pas s’y attacher tant cette fougue fait partie intégrante de son charme. Sarah et Liam apportent chacun à leur manière l’équilibre et la raison, en écho à l’impulsivité de Nathan et à la cruauté de Sylvain, donnant au récit une vraie chaleur humaine.

Sur la forme, on notera la présence de quelques coquilles, probablement liées au choix de l’autoédition. Un détail qui peut parfois freiner la lecture, mais qui n’enlève rien à la force des thèmes abordés ni aux intentions de l’auteur.

En résumé, L’Escadron blanc est un thriller qui marque avant tout par les sujets qu’il aborde, les questions qu’il soulève et ses personnages imparfaits mais attachants. Un roman qui dérange, interpelle, et rappelle que certaines réalités, même lorsqu’on préférerait les ignorer, méritent d’être mises en lumière.

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