« Ce qu’il faut de haine » – Jacques Saussey

Lu en : Novembre 2023

Qu’est-ce qui fait qu’un beau jour, un individu lambda commet un meurtre ? Il y a les tarés, bien sûr, certains individus dont le descriptif finit par -pathe (sociopathe, psychopathe). Il y a ceux qui succombent à la « folie passagère », il y a ceux qui tuent par amour… Puis il y a le tueur de ce livre ! La haine est son moteur, et son imagination débridée lui a permis de construire un scénario à la hauteur de sa rancœur ! Il laisse dans les bois un cadavre littéralement grouillant de vers, qui sera découvert en forêt par une gentille étudiante, en week-end chez ses parents, qui promenait son chien.

Petite précision totalement personnelle : je peux lire à peu de chose près tout et n’importe quoi, tout juste plisserais-je un peu les lèvres de dégoût. Je ne tique pas quand on démembre des gens, ni même quand on met des chats au micro-ondes (coucou, Monsieur Norek !). Mais j’ai, comme tout le monde, je suppose, une phobie. Non, je n’ai pas peur des araignées, ni même des rats. Mais dès que ça rampe, je ne peux plus. On parle de serpents, bien sûr, mais pas que… Tout ce qui rampe… incluant escargots, limaces, vers… Surtout vers… Oui, je sais, c’est parfaitement ridicule, mais c’est comme ça ! Alors quand un assassin met cette vermine au cœur de sa signature, établie avec un soin minutieux, et que ça occupe pas mal de pages, y compris des traits d’humour, très sincèrement, j’ai eu énormément de mal à finir ce livre… Je l’ai par moments posé plusieurs jours durant. Mais l’envie de savoir a toujours été plus forte, m’y faisant revenir à chaque fois.

Car oui, abstraction faite de ma difficulté à surmonter les détails techniques du modus operandi, j’ai énormément apprécié l’histoire ! Revenons-y, d’ailleurs ! Donc, Alice, notre jeune étudiante, fait une macabre (et dégueulasse !) découverte. Lorsqu’elle doit reprendre le chemin de l’université (en chevauchant sa bécane sans lésiner sur les coups d’accélérateur, soit dit en passant !), son esprit ne lui laisse aucun répit. Aussi, quand elle apprend que la victime est de Paris et laisse une fille orpheline, elle décide d’aller la rencontrer, désireuse d’aider la police dans ses investigations.

Côté police, on a Marianne, de Paris d’où est originaire la victime, et Gontran, le flic de Pierre-Perthuis où a été découverte la scène de crime. Chacun avec leurs équipes puis ensuite en commun, les deux flics avancent, jusqu’à une révélation percutante qui nous cueille en plein milieu du livre, délivrant ainsi au lecteur l’identité de l’assassin ! Mais plutôt que de doucher l’enthousiasme du lecteur, cette révélation ne va qu’ouvrir une foule de nouvelles questions, auxquelles l’auteur s’attachera à répondre en temps voulu, ne négligeant jamais le suspense.

On en apprend beaucoup sur la victime, et très franchement, plus on en apprend sur sa personnalité, plus on se dit qu’elle n’a pas volé ce qui lui est arrivé ! Ah, on me dit à l’oreillette que c’est pas beau de dire ça, cependant, je vous défie de ne pas être effleuré par cette pensée durant votre lecture ! Car la victime a eu une carrière florissante de DRH dont le terreau fut tous les employés qu’elle a écrasés sur son passage ! Utilisé à des fins littéraires ici, ce métier n’en est pas moins un vrai fléau de notre société sur lequel mettent le doigt l’auteur et son intrigue.

Abstraction faite de mon souci purement personnel, j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce roman qui alterne les points de vue, incluant celui de l’assassin dont on n’aura de cesse de découvrir les motivations. Je mets un petit bémol aussi sur le personnage d’Alice, charmante, mais fort téméraire et habitée d’un vrai besoin de comprendre, là où, si je compare avec mes propres enfants dont trois sont un peu plus âgés, eux-mêmes se seraient terrés au fond de leur lit pour se faire chouchouter et oublier l’horreur d’une telle découverte. Manque de crédibilité dans le roman ou manque de dynamisme chez mes jeunes, l’histoire ne le dit cependant pas 😅 ! Pour chaque personnage, l’auteur a apporté un développement soigneux, suffisant pour créer une vraie empathie, même avec le monstre assassin… En conclusion, j’ai adoré !

42 réflexions sur “« Ce qu’il faut de haine » – Jacques Saussey

  1. Ta présentation du personnage promet déjà de grandes choses ! Comment ça, il ne rentre dans aucune des catégories, c’est quoi ce tueur ? 😁 Aah et l’image du cadavre grouillant de vers, j’ai horreur de ça, c’est dégoûtant ! Pauvre étudiante qui le retrouve, j’aurais hurlé ou vomi partout à sa place 😱 Comment ça Mr Norek met des chats dans le micro-ondes ?! C’est dans quel roman qu’il ose une cruauté pareil ?! Plus je lis ta chronique, plus mon cœur s’affole Nath face à tant d’horreur 😂 Je suis rassurée de voir que je ne suis pas seule face à cette peur des vers, les autres rampants je m’en moque mais les vers (genre asticots blancs) ça me répugne d’une force ! Beurk ! Bon, du coup, je ne suis pas certaine de passer ce détail pour l’instant, j’ai déjà l’image en tête c’est horrible 😂 Bon allez, faut dire que l’intrigue a quand même l’air chouette !
    Pour tes jeunes, je suis d’accord, j’aurais plutôt tendance à penser qu’on se cacherait sous la couette pour oublier l’horreur du traumatisme, donc ne t’en fais pas, je ne crois pas qu’il soit question d’un manque de dynamisme de leur côté 😉
    Merci pour cette chronique, un peu dégoûtante certes, mais toujours plaisante à lire !

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    1. Ça me rassure de ne pas être là seule 😅. Je t’avoue que ce facteur était par moment vraiment bloquant, parce que ces bestioles étaient vraiment partie intégrante de « l’œuvre » de l’assassin !
      Et pour mes jeunes, ça me rassure 🤣.
      Sinon, je ne te spoilerai pas du quel Norek il s’agit, mais c’est un sacré moment qui a tendance à faire hurler ses fans, même si, de mon côté, je lui en veux plus de s’en être pris au berger allemand d’une policière lors d’une émeute ! 🙈

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      1. Bon, je vais peut être réfléchir un peu avant d’affronter ce roman, merci de l’avertissement et désolée que tu aies du vivre ça 😂
        Raaah ! Alors le coup du chat, je dirais que c’est dans son dernier roman pour Olivier Norek 😇 et pour le chien, j’aurais dit Surface de mémoire, ça me dit quelque chose. 🤔 Alors, j’ai bon ? 😁

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      2. La trilogie 93 ? 😯 Oh, je n’ai aucun souvenir de ces actes pourtant c’est le genre de scènes que je retiens dans les films et séries, alors dans les livres ça devraient aussi non ? En plus j’avais adoré cette trilogie, il faudrait que je la relise, ma mémoire me fait défaut. 🫣

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  2. Avatar de Céline C. Céline C.

    Merci Nath pour cette chronique. Donc si j’ai bien compris, je ne te raconterai jamais, ni à Ludivine, l’histoire du corps découvert par votre serviteure (serviteuse ?) lors d’une de mes interventions de pompier …. dommage ! ce n’est pas tant les asticots le problème, c’est l’odeur … 😝🤣. Allez j’arrête !
    En tout cas concernant Jacques Saussey j’avais été bluffée par un de ses romans « L’enfant aux yeux d’émeraude » mais depuis je n’ai pas retrouvé dans ses autres récits ce que j’avais ressenti (j’ai carrément abandonné « L’aigle noir »). Alors je vais peut-être retenter avec celui-ci dont ta chronique me donne bien envie. Surtout pour les vers en fait 😂

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    1. Oh Seigneur… rien que d’y penser, j’en ai des frissons ! 😱
      Alors concernant Saussey, j’avais lu « Colère noire », mais je l’avais trouvé un peu lent, par contre, j’avais beaucoup aimé « l’aigle noir » ! Qu’est-ce qui t’avait moins plu dans celui-là ? Ici, je l’aurais lu beaucoup plu vite sans cette histoire de vers, car au final, il m’a fallu plus d’un mois 🙈

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      1. Avatar de Céline C. Céline C.

        Vouiiii ça file des frissons … et l’odeur se colle dans les cheveux, dans les fringues, dans les narines pendant longtemps …

        Cette année j’ai eu beaucoup de mal avec mes lectures, je ne saurais pas dire pourquoi ou plutôt je pense savoir mais je ne me l’avoue pas 🙄.
        Bref ! « L’aigle noir » je n’ai pas accroché dès les premières lignes. J’ai tenté de poursuivre ma lecture mais je n’ai pas trouvé d’intérêt au récit, je ne sais pas. Le résumé ne m’avait pas attirée plus que ça, mais comme je voyais de bonnes critiques je me suis dit que j’allais tenter, sans succès. « Ce qu’il faut de haine » pourrait peut-être plus me plaire. A suivre !
        Merci Nath 😘

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      2. Aaaah Céline non ! Pourquoi tu nous infliges cette vision ! Ton commentaire m’a fait autant rire qu’il m’a dégoûtée, je ne m’attendais pas à lire ça 🤣 Mais blague mis à part, ce genre d’interventions, ça doit te hanter longtemps après. Quel mental d’acier il faut avoir, je suis admirative, vraiment 👏

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      3. Avatar de Céline C. Céline C.

        Merci Nath 😍. Une guerrière je ne sais pas, mais c’est vrai que j’ai fait des trucs de malades, genre feu de forêt (là oui c’est la guerre, c’est hallucinant tellement c’est violent), feu de voitures, accidents de la route, je pourrais presque écrire un bouquin tant il y a d’interventions différentes.

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      4. Avatar de Céline C. Céline C.

        Oups ! Désolée Ludivine de t’infliger cela, les vers et les odeurs, plus … non j’arrête 🤣!
        Être pompier n’a pas été facile tous les jours. Il y a des interventions qui marquent plus que d’autres, mais je ne regrette rien de mon engagement (maintenant je suis trop vieille pour ces conneries 😉).

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