« Souviens-toi de Sarah » – Page Comann

Lu en : Janvier 2024

Il arrive parfois qu’on enchaîne les lectures un peu « bof », et dans ce cas-là, je n’ai jamais rien trouvé de plus malin que de farfouiller dans les coups de cœur de mes amies lectrices compulsives… « Souviens-toi de Sarah » semblait une bonne idée, que j’avais pourtant longtemps laissée de côté, la faute à l’épaisseur, sans doute… Pourtant, Page Comann (qui n’est autre que le pseudo derrière lequel se cachent Ian Manook et Gérard Coquet) embarque dès la première ligne.

Diane est éditrice à Londres. Des manuscrits, elle en reçoit à la pelle, et ce n’est pas elle qui fait le premier tri, d’habitude. Sauf que, cette fois, en retard à son rendez-vous avec son écrivain vedette qui est aussi sa meilleure amie, elle trouve celle-ci plongée dans un récit qu’elle lui recommande vivement de lire. Diane se prend au jeu et plonge dans l’histoire de Sarah, qui parait être un roman auto-biographique, et qui démarre dans l’Angleterre des années soixante. Sarah goûte trop jeune aux désillusions de la vie, et elle se confie à Mumiah, son journal intime, d’une façon désarmante et touchante. Vraie vie ou délire d’écrivain ? Le manuscrit est arrivé anonymement, alors pour savoir de quoi il retourne, Diane et son équipe décide de partir à la recherche des traces que Sarah a laissées dans son journal.

C’est finalement en parallèle que le lecteur découvre cette histoire, par la découverte des mots de Sarah et par l’avancée de Diane et son équipe. Diane est une femme un peu extravagante, une patronne exigeante, mais derrière son caractère d’orchidoclaste assumée se cache un vrai cœur d’or. Les passages qui la mettent en scène apportent une touche plus légère et plus dynamique au récit, relançant le rythme afin de ne pas perdre le lecteur. Tous les passages écrits par Sarah se révèlent, eux, poignants, et le lecteur a l’impression de voir cette jeune fille se diriger droit vers un mur, enfermée dans un bolide lancé à pleine vitesse. On a envie de hurler à la jeune Sarah de ne pas accorder sa confiance à ceux qui en semblent pourtant le plus digne. On rage par avance des coups qu’elle va prendre, on pleure avec elle sa peine et on salue son courage. Et surtout, on comprend que l’auteur peut se tranquilliser : on se souviendra de Sarah ; je me souviendrai de Sarah et de sa tragique épopée à travers de magnifiques régions rudes, dans lesquels ses pas nous emmènent et dans lesquels l’écriture nous immerge.

20 réflexions sur “« Souviens-toi de Sarah » – Page Comann

  1. Avatar de Céline C. Céline C.

    Merci Nath pour cette chronique. J’avais vu passer ce roman, mais sans m’y intéresser. Il semble t’avoir convaincue, alors je le note dans ma liste ☺️.
    En plus grâce à toi, je note également un mot inconnu de mes neurones : Orchidoclaste. J’utilise souvent la formule plus prosaïque de mon côté, mais dorénavant je vais varier les plaisirs 😂 !! Merci 😘

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    1. C’est un roman à côté duquel j’aurais pu passer sans mes amies lectrices ! Et pourtant, je l’ai vraiment beaucoup aimé, même si techniquement, le petit « suspens » sur l’identité de Sarah ne m’a pas forcément surprise 😏.
      Quant à orchidoclaste, c’est à Nicolas Feuz qu’il faut dire merci, je l’ai découvert dans le philatéliste et depuis, ma famille et moi en sommes devenus adeptes 🤣

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      1. Avatar de Céline C. Céline C.

        C’est vrai que ça fait classe dans une discussion de placer Orchidoclaste 😂. Je vais tenter l’expérience. En plus mon mari arrêtera de me dire « t’es vulgaire ma chérie » …

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  2. J’ai adoré cette lecture ! Comme toi, j’avais envie de hurler lors de certains passages, et comme toi, je me souviendrais de Sarah. Par ailleurs, ce sont deux auteurs que j’aime beaucoup. Je ne sais pas si tu connais les deux romans de Gérard Coquet, « Malfront, les fantômes de la combe » et « Malfront : Les mémoires de Mathilde », mais je les ai adorés. C’est comme ça que j’ai découvert sa plume. Quand à Ian Manook, je ne connais que sa plume en tant que Roy Braverman, et j’adore aussi.

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    1. Ce commentaire fait plaisir, Sarah ne sera jamais oubliée !
      Je n’ai jamais lu Gérard Coquet, par contre j’ai lu Manook avec l’oiseau bleu d’Erzeroum qui restera un des livres les plus marquants de ma vie de lectrice ! Il faut réussir à passer les cent premières pages qui sont aussi révoltantes que bouleversantes, mais quel roman 😱 !
      J’ai du Braverman dans ma PAL, mais pas encore pris le temps de tester…

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