« Traverser la nuit » – Hervé Le Corre

Lu en : Février 2024

Une phrase me semble résumer parfaitement ce récit totalement oppressant, celle de Dante : « Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance ». Le commandant Jourdan l’a bien compris. Il en a trop vu dans sa carrière. Des destins brisés, des injustices. Son métier de policier lui offre le parfait point de vue sur une société dont il ne perçoit que trop bien les dysfonctionnements, faisant de lui un flic fatigué dont la colère même n’a plus la force de s’exprimer. Fatigué, oui, et désabusé, même. Lassé. Malgré tout, il continue de courir après les monstres, et pour l’heure, c’est un tueur de prostituées qu’il traque. Un tueur dans la tête duquel l’auteur nous fait plonger. On a donc le flic désabusé. Et le tueur disjoncté qui tente, par ses meurtres atroces, de se venger d’une mère passablement monstrueuse elle aussi. Et puis il y a Louise et son « petit magicien », son fils, Sam, la seule lumière de sa vie. Louise a vécu beaucoup de drames, d’addictions, mais Sam est ce qui la fait tenir, envers et contre tout, notamment contre un ex qui lui fait vivre un véritable enfer. À travers ces tranches de vies brisées, l’auteur et sa plume d’une infinie, mais poétique noirceur nous emmène par le cœur d’un bout à l’autre de ses pages. Qui a déjà traversé un océan de doutes ne peut qu’entrevoir la morosité de ces personnages qui ne croient plus forcément à l’avenir, mais qui avancent quand même…

La lecture est étouffante et lourde, et le lecteur surnage, l’âme en peine, avec un seul objectif, venir à bout de cette traversée. Au petit matin, il ne restera plus que le souvenir d’une lecture marquante et de personnages inoubliables.

26 réflexions sur “« Traverser la nuit » – Hervé Le Corre

  1. C’est un roman plombant, c’est sûr (et la fin… il ne laisse aucun espoir !) mais j’ai beaucoup aimé aussi. Je crois que je lui ai pourtant préféré « Après la guerre », dont le contexte historique et politique (il se déroule pendant la Guerre d’Algérie) est très intéressant.

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  2. C’est amusant, j’ai utilisé cette même citation de Dante pour parler de « S’adapter ou mourir » d’Antoine Renand, alors j’imagine bien où va m’emmener ce roman d’Hervé Le Corre. Je vais bientôt l’écouter dans le cadre du Prix Audiolib, ça sera ma première incursion dans le style de l’auteur. 🎵Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir !🎵
    En passant, j’ai commencé Lux ! 😉

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  3. Je suis en réécoute de ce livre, la lectrice a malheureusement parlé toute seule la première fois. Je suis absolument d’accord avec ta remarque sur la plume de l’auteur, qui me donne d’ailleurs l’impression de lire un roman plus ancien, plus classique, plus élégant que certains de ses contemporains.
    Cela va faire bientôt deux semaines que je n’arrive pas à lire. Pas une ligne. L’audio me sauve, mais à peine. Disons que je vis des aventures que je pourrais raconter dans un roman noir, espérons que ce sera plutôt un feel good au final 😞

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