« Faire le mort » – Angela Marsons

Lu en : Juin 2025

En 2018, j’avais lu « Le pensionnat des innocentes », le premier tome des enquêtes de Kim Stone. J’avais visiblement beaucoup aimé (si j’en crois ma chronique de l’époque) et, effectivement, si je suis bien incapable de me souvenir de l’intrigue, j’en garde une impression générale très positive. Aussi, lorsque le Club Belfond nous a proposé ce quatrième opus en SP, j’ai immédiatement été emballée !

Premier point : ma mémoire ne m’a pas été d’un grand secours pour me rappeler les détails de la vie intime de Kim, dont je me souvenais seulement qu’elle n’avait pas été facile… Cette amnésie partielle et le fait de ne pas avoir lu les tomes 2 & 3 ont rendu mon démarrage assez laborieux, car Kim est relativement froide, brute de décoffrage et pas forcément attachante de prime abord. Ce qui laisse à penser qu’un meilleur bagage émotionnel avec cette drôle d’héroïne m’aurait été utile ! Si l’enquête peut aisément se lire indépendamment, force est de constater que des « retrouvailles » avec un personnage récurrent manquent un peu.

Kim, donc, visite (comme une récompense de sa hiérarchie) un lieu top secret en Angleterre : une ferme de corps ! Kékséksa ? Dans ces fermes (appelées « body farms » par les Anglo-Saxons, qui ont toujours su vendre les choses avec classe), les chercheurs observent comment les corps se décomposent selon différentes conditions : enterrés, exposés, dans l’eau, au soleil… De quoi affiner les analyses post-mortem et aider à résoudre des crimes. On y cultive… la mort, mais dans un but (presque) noble ! C’est donc un endroit où l’on fait avancer les sciences de la médecine légale. Un genre de Airbnb pour cadavres ! Sans les étoiles, mais avec les bestioles, pour qui c’est carrément open bar ! Ouais, je sais, c’est charmant ! Et alors que Kim se promène entre des cadavres parfaitement à leur place, elle en trouve un qui n’a potentiellement rien à y faire ! Victime d’un meurtre avec pas mal de violence… et ce n’est qu’un début ! Pour Kim, la récompense se transforme en cadeau empoisonné, d’autant que tout le monde aurait préféré que la presse se tienne loin de cet endroit atypique !

Tous les ingrédients sont réunis pour me plaire, a priori. Mais en plus d’une difficulté à apprivoiser l’héroïne, j’ai ressenti quelques lourdeurs narratives qui sont, à mon sens, à imputer à la traduction quelquefois approximative, voire bancale, et qui a nécessité un petit temps d’adaptation. Un démarrage diesel à l’ancienne, donc, mais après le premier tiers, j’étais enfin ferrée !

Kim a évidemment de bonnes raisons d’être aussi imbuvable, et ses échanges avec l’extérieur donnent parfois lieu à de succulentes réparties ! L’enquête prend un tour inattendu lorsqu’une victime est découverte encore en vie, mais malheureusement amnésique (ah, elle aussi !) !

Il y a quelques petits clichés ou erreurs d’appréciations policières qui m’ont, je l’admets, fait un peu grincer des dents (mais vous me connaissez, je ne suis pas toujours bon public !). Cependant, on pardonne à l’auteur ces infimes imperfections parce qu’elles servent évidemment l’intrigue ! Du coup, ça permet une chouette scène finale avec une révélation qui m’avait échappé, focalisée que j’étais sur l’identité du coupable.

Peut-être pas la lecture de l’année, certes, mais une lecture qui fait parfaitement le job quand vous avez envie d’un bon vieux polar à l’ancienne avec une petite touche de modernité et des personnages qui finissent par devenir attachants (même Kim, avec son humeur de hérisson et ses répliques acides, et même quand elle ronchonne sur l’humour douteux de ses collègues !). D’autant que l’auteur va aborder plusieurs thèmes que j’aime beaucoup : différences, apparences, enfance chahutée, traumatismes… Angela Marsons est donc bien un nom à retenir, ce qui me rappelle que j’en ai toujours un dans mon incommensurable PAL !

Je tiens à souligner que cette lecture, partagée en LC avec une partie du club Belfond noir, a déclenché des échanges enflammés, des digressions improbables et des fous rires à la pelle ! Est-ce que ça vous aidera à savoir si vous devez lire ce livre ? Pas du tout. Mais c’est exactement ce que j’aime dans ces lectures communes made in Booksta : on débat, on râle, on se contredit, on explose de rire… et surtout, on est authentiques.

Une maison d’édition qui ne cherche pas à lisser les avis ou à formater les partenariats, c’est agréable. Ici, on peut dire “j’ai adoré”, “j’ai tiqué”, “j’ai eu du mal”, et personne ne grimace (en tout cas du côté de la ME 😂, mais ça, c’est une autre histoire…). Lire librement, chroniquer sincèrement, être écoutée sans filtre — c’est aussi ça, le privilège d’un partenariat intelligent. Merci Belfond ! Et rien que pour ça, je signe, je like, et je rempile avec les copines Aude (Ladyl_ivre), Charlotte (charlotteauxbooks), Isabelle (addiction_polar) & Sandra (sandraboop1897) pour une prochaine LC qui s’annonce mémorable !

12 réflexions sur “« Faire le mort » – Angela Marsons

  1. Ca me tente bien cette ferme aux asticots !Depuis Salander, il y a un fort engouement pour les héroïnes malmenées par l’existence qui réagissent par la badasserie, ce n’est pas mon option préférée mais bon il faut bien le supporter si on aime le polar.Très chouette ça de lire en commun !! Je te souhaite bien du plaisir pour le Belfond à venir 😀

    Aimé par 2 personnes

  2. Avatar de Céline C. Céline C.

    Merci pour ta chronique Nath, sincère et circonstanciée, j’adore !

    Si je comprends bien il y a trois tomes avant celui-ci … 😱. Bon je ne pense pas m’arrêter à celui-ci (ni à cette série) le démarrage version diesel, je ne suis pas trop réceptive en ce moment. En revanche, le côté ferme aux morts, ça, ça me plait bien (mais ne dis pas que je te l’ai dit). Je l’ai déjà croisée dans un autre roman ou une série, je ne me souviens plus !

    Très sympas ces lectures communes avec Belfond !

    Merci Nath 😘

    Aimé par 1 personne

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