« L’été d’avant » – Lisa Gardner

Lu en : Mai 2025

De Lisa Gardner, j’ai déjà lu quelques titres, et je dois avouer que je suis souvent tentée par ses romans… mais ses séries récurrentes (comme celle de D.D. Warren) me donnent parfois l’impression qu’il me faudrait des années pour rattraper mon retard ! Alors, quand elle a décidé de créer un nouveau personnage, et que j’ai eu la chance de la rencontrer aux Quais du Polar, je me suis dit : cette fois, c’est le moment !

Et quelle héroïne ! Elle s’appelle Frankie Elkin. Ancienne alcoolique, Frankie traîne ses casseroles de ville en ville, habitée par une mission singulière : aider les familles à retrouver les personnes disparues tombées dans l’oubli. Elle n’a ni formation de flic ni de journaliste, mais elle a un don pour ce qu’elle fait. Et elle le fait gratuitement… Ce qui, en plus de ne pas garnir son compte en banque, l’oblige à travailler à côté pour subvenir à ses maigres besoins qui, tous ou à peu près, tiennent dans une valise.

Pour l’heure, elle a décidé de venir en aide à la famille d’Angélique Badeau. Angélique, jeune Haïtienne de 15 ans débarquée à Boston après la tragédie qui a touché son île de naissance, a disparu depuis onze mois. Frankie débarque donc avec son honnêteté et ses bons résultats en étendard pour proposer à sa tante et à son frère de les aider à la retrouver. Ce qu’elle évite en général de préciser, c’est que toutes les personnes disparues qu’elle a retrouvées jusqu’ici étaient mortes. Mais, d’un autre côté, il vaut mieux une vérité crue qu’un doute qui ronge ! Frankie ne perd pas espoir de retrouver quelqu’un de vivant… qui sait ? Peut-être qu’un jour…

La voilà donc en train de s’installer à Mattapan, le quartier haïtien, où elle trouve un petit job et une chambre dans un bar. Rien que ça en dit long sur elle. Sa bataille contre l’alcoolisme est un combat quotidien, même si elle est sobre depuis un moment déjà, et le fait de travailler dans un bar plutôt que d’éviter tout contact avec « l’ennemi » est révélateur de son opiniâtreté ! Elle porte, sans cesse, un regard lucide sur son addiction, sur les causes de son dérapage, sur ce qui l’a menée également à la voie de la sobriété. L’alcool lui a presque tout pris, elle cherche sa rédemption, sans oser se l’avouer, en mettant sa vie au service des autres.

Bien sûr, ses motivations altruistes, dans notre monde, sont rarement acceptées dès le premier contact. On se méfie de cette personne qui veut juste apporter son aide. D’autant que les locaux, et surtout la police, ne voient en elle qu’une étrangère aux motivations plus que floues. Mais elle est tenace, Frankie, et sans jamais se départir d’une espèce de flegme teinté d’humour, elle arpente les rues, pose des questions, ouvre les yeux et les oreilles. Ce qui la différencie de tous les autres, c’est sa capacité d’attention et d’écoute.

L’enquête qu’elle mène n’a rien de commun avec ce que la police pourrait mettre en œuvre. Elle n’a pas accès aux technologies policières ; c’est donc justement cette empathie et cette faculté d’analyse qui la mènent à déterrer ce petit détail qui a pu échapper aux enquêteurs.

L’action n’a rien d’hollywoodien, et l’on suit Frankie au gré de son job, de ses errances, de ses questionnements et de sa recherche de vérité. Immédiatement, le lecteur s’attache à cette héroïne qui semble ne pas vouloir se pardonner à elle-même, qui refuse tout point d’ancrage. Fondamentalement, c’est l’une des héroïnes les plus vraies et les plus humaines que j’ai rencontrées depuis longtemps. On a envie de la serrer dans nos bras, de la remercier pour tout ce qu’elle fait et de l’inciter à se poser, à nous laisser l’aimer… Mais elle n’est pas prête pour ça. Alors en attendant, elle rend la justice pour les oubliés…

Frankie est lumineuse bien malgré elle, et elle incarne une véritable figure de résilience – mot qu’on utilise, à mon sens, trop à tort et à travers, mais qui convient tellement à cette drôle d’héroïne ! Ajoutons à cela le décor, que Lisa Gardner nous dépeint à travers les pérégrinations de Frankie, et qui nous immerge au point qu’on s’y croirait !

Une lecture tout en langueur et en émotions que j’ai particulièrement savourée !

21 réflexions sur “« L’été d’avant » – Lisa Gardner

  1. Oh tu as rencontré l’auteure aux Quais du Polar, c’est chouette ! Tu as eu le droit à une petite griffe sur un roman ? 😃 Je n’ai pas osé commencé d’autres séries depuis que j’ai fini celle de D.D. Warren, j’aime tellement cette inspectrice que j’ai peur de ne pas retrouvé ce charme avec d’autres personnages. C’est bête hein, je sais, mais j’ai quand même d’autres romans de Lisa Gardner à découvrir. Pas celui-ci par contre, mais vu que tu décris cette héroïne comme l’une des plus vraies et plus humaines que tu aies rencontrées, clairement ca donne très envie ! Merci Nath d’avoir réveillé un peu plus ma curiosité. 😉

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