« Crâne d’os » – Mo Hayder

Lu en : Juillet 2025

Mo Hayder, auteure incontournable du thriller noir… que j’ai pourtant réussi à contourner jusqu’ici ! Vous le croyez, ça ?

Cependant, j’ai eu la chance de recevoir ce titre (merci à l’éditeur !) et, parallèlement, j’ai été séduite par la proposition de ce même éditeur (Presses de la cité) de rejoindre une lecture commune ouverte à tous sur Instagram. Et voilà, enfin, ma première rencontre avec Mo Hayder, alors que, pour ses nombreux fans, il s’agit de la dernière, puisque la particularité de « Crâne d’os » réside dans son statut de roman inédit publié à titre posthume en 2025, Mo Hayder étant décédée en 2021.

Me voilà embarquée avec quelques comparses, à suivre un découpage assez strict et qui ne permet pas de dévorer. Au départ, c’était frustrant parce que moins de cinquante pages ne m’ont pas vraiment permis de rentrer dedans. Cependant, au bout du troisième jour, j’étais ferrée, et, dès lors, difficile de décrocher chaque jour pour respecter les arrêts ! (Mais les échanges avec le groupe m’ont motivée à ne pas tricher ! Merci l’équipe !)

Le récit alterne entre deux points de vue : celui d’Alex, une jeune femme qui revient sur les terres de son enfance après sa formation à la police londonienne. Et Maryam, mère d’Arran, l’un des meilleurs amis d’Alex, celui avec qui elle a vécu, quelques années plus tôt, le plus gros traumatisme de sa vie : un accident de car dans lequel nombre de ses camarades ont perdu la vie. Alex elle-même y a été gravement blessée à la main. Ils ne sont que quelques survivants, et ce drame a marqué leur petit village d’Eastonbirt.

Maryam, elle, n’est pas originaire du coin, mais elle y a suivi l’amour de sa vie, Rhory, et ils y coulent depuis de longues années des jours tranquilles. Un bonheur auquel seul manquait un second enfant, et celui-ci est enfin arrivé. Sauf que la grossesse de Maryam a été entachée par le drame d’Eastonbirt, à tel point que Maryam se demande s’il ne va pas falloir qu’elle paie un lourd tribut pour ce bonheur tardif au fantôme régional : Crâne d’os, cette prostituée massacrée bien longtemps avant et qui hante prétendument le village… Prétendument, vraiment ?

Et c’est là qu’entre en scène le talent de l’auteure pour faire douter les lecteurs ! Sans connaître l’auteure, je n’avais pas la moindre idée d’où elle m’emmenait et j’ai adoré être perdue de la sorte !

Le charme de ce roman réside dans cette ambiance sinistre et inquiétante (oui, j’avoue que dis comme ça…). De page en page, on étouffe et l’on craint pour nos personnages, principalement pour l’un d’entre eux, mais vous n’en saurez évidemment pas plus !

Ce qui m’a bouleversée dans “Crâne d’os”, au-delà de l’enquête et de l’atmosphère, c’est ce miroir tendu par Maryam et Alex. Toutes deux se voient à travers un prisme déformé, trop sévère, presque cruel. Et puis, au détour d’un chapitre, surgit le regard des autres, tantôt tendre, tantôt admiratif, et qui vient contredire leur propre jugement. Ce décalage entre ce que l’on croit être et ce que l’on est vraiment m’a percutée en plein cœur. J’ai vraiment aimé cette dynamique poignante entre nos deux héroïnes, en résonance avec un sentiment d’infériorité qui a tendance à me titiller aussi.

Mo Hayder distille la peur dans ses lignes, insufflant aux pages une ambiance lourde et étouffante au cœur d’une communauté brisée, et traumatisée par la légende urbaine qui plane comme une ombre sur les rescapés.

Mais « Crâne d’os » ne se contente pas d’un simple fantôme : c’est un roman sur les cicatrices invisibles, les jugements silencieux et ce que l’on refuse de voir en soi ou autour de soi, car si nous sommes trop critiques envers nous-mêmes, nous sommes parfois trop indulgents avec d’autres !

En refermant ce roman, j’ai eu cette sensation rare d’avoir découvert un talent immense au moment même où il nous faisait ses adieux. Une découverte pour moi, un au revoir pour beaucoup. Je mesure donc ma chance d’avoir encore d’autres de ses titres à explorer…

21 réflexions sur “« Crâne d’os » – Mo Hayder

  1. Avatar de Céline C. Céline C.

    Merci Nath pour la chronique.

    Un roman qui semble t’avoir plu, avec une ambiance des plus pesantes, j’aime beaucoup ça quand ce genre d’atmosphère se dégage d’un roman.

    Une auteure que je connais, mais j’ignore (mon cerveau n’est pas capable de le dire) si j’ai déjà lu un de ses romans 🤨

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