Lu en : Juillet 2025

Vous le savez, mon seuil de tolérance à la littérature noire est élevé. Très élevé. J’ai d’ailleurs obtenu le statut officiel de psychopathe ! (je ne compte plus le nombre de fois où on me le rappelle ! Même Alexis Laipsker le pense, c’est vous dire ! 😂). Donc avant toute chose, non, ce n’est pas le degré de violence dans ce livre qui m’a posé problème. Pourtant, clairement, il y a du niveau ! Mais j’y allais en toute connaissance de cause car, à moins de vivre sur Mars, impossible de ne pas avoir lu au moins un avis (conquis !) sur ce qui est très souvent qualifié de chef-d’œuvre !
Je l’ai acheté dès sa sortie, évidemment (faible je suis…). Cependant, j’ai toujours la crainte d’entamer un récit que tout le monde s’accorde à trouver extraordinaire. Ça me donne des attentes parfois trop élevées et m’empêche de savourer mon récit. Résultat : sept ans à prendre la poussière dans ma bibliothèque jusqu’à cette envie née d’une chouette alchimie lors de lectures communes entre Aude (Ladyl_ivre), Isabelle (Addiction_polar) et moi, et qui nous a donné envie, en dehors du Club Belfond Noir qui nous a réunies, de poursuivre l’aventure des Lectures Communes.
C’est toujours compliqué de trouver un rythme qui convienne à la fois à la vitesse de lecture et à la disponibilité de chacune, ainsi que des temps réservés aux débriefs. Ça ne fonctionne pas toujours, ou alors ça fonctionne super bien ! C’est notre cas ici, alors on s’est dit qu’entamer ensemble ce monument dont on savait qu’il nous mettrait mal à l’aise était une excellente idée.
Je le dis d’emblée, sans elles, j’aurais laissé tomber après 50 pages.
L’histoire nous embarque auprès de Turtle (Julia, en fait), une gamine de 14 ans élevée par son père, un espèce de taré survivaliste qui aime sa fille d’un amour absolu. Entendez : d’un amour défendu. Turtle, en digne héritière de son père, est la débrouillardise incarnée. Pas de chichis (y a qu’à voir comment elle ingurgite son déjeuner chaque matin, à savoir un œuf cru gobé). Dans la famille, il y a un véritable culte des armes à feu. Je peux vous dire qu’on pourrait presque en tirer le petit guide de l’entretien parfait de son attirail en mettant bout à bout tous les extraits qui en parlent. Et il y a le grand-père, bien conscient que Turtle n’est pas élevée de la meilleure des façons, mais lui-même fut-il le meilleur des pères ?
L’endroit où ils vivent donne lieu à de belles immersions très descriptives, presque contemplatives. Personnellement, je n’ai jamais le moindre souci avec cela quand je suis emportée par mon récit. Ce ne fut pas le cas ici…
Et c’est ici que démarre mon « unpopular opinion » !
Dès le départ, la relation entre Turtle et son père apparaît comme malsaine, « malaisante », pour reprendre l’adjectif préféré de mes gosses. Terrifiante pour les adultes équilibrés que nous sommes (oh ! je vous entends !). Et il est attendu que nous souffrions avec et pour Turtle. Sauf que je n’y suis pas arrivée. Je sais pertinemment que la relation bourreau-victime est loin d’être manichéenne, je sais que la psychologie d’un personnage qui vit l’enfer depuis sa plus tendre enfance ne peut pas permettre d’identifier clairement la frontière entre le bien et le mal. Mais, à lire l’amour absolu que Turtle voue en retour à son père, impossible pour moi de m’attacher à elle. Alors, quand on sait que toute la force de ce roman tient dans ce personnage incroyable (oui, elle l’est, je le reconnais !), forcément, ne pas être capable de m’attacher à elle m’a clairement laissée au bord du chemin. La lecture a été plus que laborieuse, j’ai même fini par switcher vers l’audio pour en venir à bout.
J’admets que la fin m’a enfin réservé une belle surprise, et un attachement immédiat à l’un des personnages qui fait son apparition, mais pas suffisamment pour sauver l’impression générale de cette lecture.
Pour autant, le récit est écrit avec une véritable poésie brute, nous mettant le cœur au bord des lèvres avec lyrisme. Oui, comme tous les lecteurs de ce livre, Turtle s’est évidemment imprimée dans mon cerveau, je ne l’oublierai jamais. Et bien sûr, ces personnages, tout dérangeant (dérangés ?) qu’ils soient, ne sont malheureusement qu’un (pâle ?) reflet de ce que l’humanité porte d’inhumanité !
Si vous choisissez d’entrer dans ces lignes, soyez avertis de tout ce qu’il contient de perversité. Allez-y en connaissance de cause.
Si mes autres co-lectrices ont fini par avoir envie de prendre Turtle sous leur aile, j’ai, de loin, été celle qui a eu le plus de mal à terminer. Au fil de l’avancement, je sentais naître chez elles cette forme d’empathie qui aurait dû me gagner aussi. Croyez-moi, je suis la première désespérée par ce constat : je suis restée de glace. Mais je sais pourquoi, et ici n’est pas l’endroit pour entamer une psychothérapie de fond, je ne m’étendrai donc pas. Mais évidemment, c’est mon histoire qui a forcé mon cerveau à établir des barrières.
Oui, la vérité brute est que j’ai détesté ce roman. Mais le paradoxe, c’est qu’il me restera à tout jamais en tête…
Contente de lire ton avis Nath ! On en a déjà discuté en mp, et comme tu le sais, j’ai abandonné ce roman. Vraiment trop glauque pour moi. Je ne sais pas à quoi cela tient, car j’ai déjà lu des romans glauques ou malaisants qui ne m’ont pas déplu, mais là, j’ai très rapidement compris que ce n’était pas une lecture pour moi. Par contre, je comprends tout à fait qu’il t’ait marquée et qu’il te restera en tête. C’est aussi le cas pour moi, alors que j’ai à peine lu deux chapitres.
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Oui, je pense que c’est un roman très clivant et c’est finalement une force, mais j’ai rarement eu autant de mal à finir un livre que j’ai plus d’une fois envisagé d’abandonner d’ailleurs ! Seule, je ne serais jamais allée au bout. Ce qui m’a étonnée comme je te l’avais dit, c’est le nombre de retour d’abandon que j’ai lu, et finalement, ça ne correspond pas aux nombreux retours conquis que j’ai lu. Ceci dit, j’imagine qu’on ne fais pas de retour sur un livre qu’on a abandonné, n’ayant pas tous les éléments en main pour avoir un avis complet… ça se comprend !
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Très tentée par ce titre à sa sortie (parce que moi aussi j’aime le -très- noir), j’ai fini par faire l’impasse suite à plusieurs avis similaires au tien…
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Je pense que c’est vraiment une question de sensibilité personnelle, mais ce personnage est inoubliable, on ne peut pas lui enlever ça 😊
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Je t’ai lue très attentivement. Ton avis est très intéressant et je comprends très bien les raisons qui ont fait de cette lecture une purge… Marquant il l’est, sans aucun doute. J’ai été bcp plus dérangée par le chapitre d’ouverture des démoniaques que par tout le livre de Gabriel Tallent. Comme quoi les sensibilités peuvent être très différentes. Et comme dirait ma fille « et c’est okay » 😉
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Ah clairement, l’ouverture des démoniaques est juste 🤢. Mais effectivement, j’ai immédiatement été meurtrie pour Kimmy… et au final, j’ai adoré les démoniaques… alors qu’ici, le néant… mais comme je le disais, au fond de moi, je sais pourquoi… et toi aussi 😉
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L’avantage des lectures communes c’est que ça peut nous motiver à terminer un livre
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Oui, et je suis finalement contente d’être arrivée au bout grâce aux filles 😊
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Heureusement que tout le monde ne pense pas pareil, la vie serait bien ennuyeuse. Je me souviens très bien du premier chapitre des Démoniaques. Kimy m’a marquée au fer rouge. Merci à toi pour le partage de la chronique 🙏 😘 et ton honnêteté
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Oui, clairement, chaque histoire personnelle influence les ressentis et c’est tant mieux !
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D’où la richesse des échanges. 🤗
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Exactement 🥰
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Qu’est ce que ce livre m’a écoeurée ! Je l’ai détesté malgré ses qualités d’écriture et sa puissance d’évocation, tout comme j’ai détesté Notre part de nuit que j’ai arrêté ou Anima tout aussi infect.
Quant aux Démoniaques je n’essaye même pas.
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Ah clairement, les démoniaques est terrifiant également, bien moins poétique, et pourtant je l’ai aimé 🫣
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Merci pour ton retour… je passe bien vite mon chemin !
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Il y a beaucoup de lecteurs conquis, et clairement, c’est un livre dont on se souvient, mais ce n’était pas pour moi…
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Un retour que je comprends totalement. J’ai eu du mal par moment mais j’ai aimé ce roman. Je ne sais pas si l’auteur en a écrit d’autres. C’est très subjectif bien sûr. 🙂
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Oui, la lecture est d’ailleurs souvent subjectif et heureusement, finalement, car là est sa richesse ! Forcément, nos vécus et nos sensibilités nous font aborder chaque livre selon un angle tout personnel…
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J’ai tellement entendu parler de ce livre, mais je ne suis pas sûre d’avoir envie de le lire.
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Disons que si tu franchis le cap, il faut savoir où tu mets les pieds 😬
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Que j’ai adoré ce roman et son héroïne marquante au possible.
Mais je peux comprendre tes réticences.
Oui ce livre est dur, cette histoire est parfois atroce.
Mais l’écriture, la prose de l’auteur et la nature…
Bon ok, je n’arriverai sans doute pas à te réconcilier avec ce texte. Mais je suis heureuse que tu l’ai lu et tu en exprime un avis sincère, merci pour cela ma Nath
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Oui, je comprends qu’il ait pu plaire… parfois c’est viscéral, et ce fut le cas ici. Et m’étant promis au démarrage du blog d’être toujours sincère… il fallait tenir ma ligne 😉
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Et ce que l’on aime chez toi ma NAth !
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🥰
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