« Parmi les ombres » – Florent Marotta

Lu en : Septembre 2025

Le classement de ce livre dans la catégorie « thriller politique » ne m’attirait pas forcément. Car, je l’avoue, rien que l’expression me file des boutons. Parce que, soyons clairs : je n’ai aucune envie de me coltiner des programmes électoraux déguisés en roman ou des caricatures transparentes de nos chers dirigeants (enfin, des politiciens français, pour le coup !).

Fort heureusement, Florent Marotta ne tombe jamais dans ce piège. Ici, pas de débat gauche/droite, pas de promesse de campagne. Juste une plongée dans la fange du pouvoir, nourrie à coups d’egos surdimensionnés menant une course effrénée où chacun est prêt à sacrifier ses convictions pour une seule chose : grimper.

Et quelle plongée poisseuse ! On patauge dans un marigot politique où tout est narcissisme, trahisons, manipulations et technologies de pointe. On complote, on cogne, on écrase. La paranoïa est partout, jusqu’à devenir un personnage à part entière. Autant dire qu’on respire rarement à l’air libre dans ce bouquin.

Au milieu de ce théâtre de l’ombre, il y a Damas. Ancien agent de la DGSE, officiellement mort, officieusement plus vivant que jamais. Un type qui, niveau paranoïa, ferait passer un ordinateur sous Linux blindé de firewalls pour un modèle de naïveté. Toujours un coup d’avance, toujours caché, toujours méfiant.

Lorsqu’il décide d’aider Jacques Sinclair, candidat favori à la présidentielle et victime, de toute évidence, d’un coup monté visant à l’évincer de la course, il n’est pas près à voir son passé lui revenir comme un boomerang.

Face à lui, des politiciens… comment dire ? Rien de neuf sous le soleil : égocentriques, manipulateurs, prêts à vendre père, mère et âme au diable pour un mandat. Leur idéal ? Eux-mêmes. Sous les sourires de circonstance, des mains anonymes manipulent l’échiquier. Qui commande ? C’est la vraie question que Damas va devoir élucider, en tenant compte du fait que le pouvoir n’a pas d’idéal, seulement des intérêts. Et les plus dangereux sont ceux qu’on ne voit jamais et que Damas doit débusquer.

Côté narration, ça dépote : tension immédiate, alternance de points de vue qui entretient le suspense. Quelques rebondissements bien placés, dont certains que j’avais flairés, et d’autres qui m’ont carrément prise par surprise. Et surtout, une urgence permanente : on ne cherche pas seulement la vérité, on se bat pour survivre. Résultat : malgré le pavé, on tourne les pages sans les compter (même si, petit bémol, la mise en page n’aide pas franchement au confort de lecture).

L’auteur jongle habilement avec la part sombre de l’âme humaine et ce pouvoir qui corrompt tout… vraiment tout… Exit les bisounours, ici, on nage parmi les requins ! Je reste convaincue, et ce roman ne m’a pas fait changer d’avis, que même le cœur le plus pur finit toujours par se pervertir dès qu’il a accès à l’argent et au pouvoir.

Bref, Florent Marotta nous entraîne parmi les ombres avec une plume très travaillée, mais qui ne sacrifie pas le rythme pour autant. Pas de digressions inutiles, juste ce qu’il faut de psychologie pour donner de l’épaisseur aux personnages et nous plonger dans cette atmosphère suffocante. Et ça marche : on ne lâche pas, jusqu’à refermer le livre avec un goût amer et la certitude que, de la vraie vie, tout cela n’est probablement pas si éloigné.

En refermant ce roman, je ne peux que saluer la représentation que nous fait l’auteur de cette crasse politique et de cette quête de gloire. Dans ce jeu-là, il n’y a pas de vainqueurs, juste des corrompus plus rapides que les autres !

8 réflexions sur “« Parmi les ombres » – Florent Marotta

    1. Ah, mais oui, je n’aime pas trop ces cases ! Certes, l’intrigue se passe dans ce milieu politique, mais c’est mené avec beaucoup de talent et de subtilité ! N’étant pas française et peu intéressée par les frasques des politiciens de l’hexagone, je ne peux pas en être totalement convaincue, mais il est probable que quelques petits détails puissent éventuellement rappeler l’un ou l’autre candidat…

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