« Invisible » – Jacques Saussey

Lu en : Octobre 2025

Depuis quelques années, je suis devenue une vraie aficionada de Jacques Saussey. Et pourtant, je sais à quoi je m’expose à chaque nouveau roman : un risque élevé de me faire retourner l’estomac. Mais certaines secousses valent le détour !

Jacques Saussey ne prend pas de gants , contrairement à son assassin, grand fan des Mapa et de l’eau de Javel. Dès l’ouverture, c’est un charmant cadavre nu et empalé qui nous attend… Un crime sordide, qui révolte Alice Pernelle, jeune gendarme fraîchement diplômée.

Pour ceux qui ont lu « Ce qu’il faut de haine« , il s’agit bien de cette Alice, étudiante à l’époque, qui peut maintenant mettre son instinct et son courage au service de la vérité de manière officielle ! Alice n’a rien perdu de son attrait pour la moto, et alors qu’elle bute sur une enquête qui la tourmente, elle décide en parallèle de suivre un stage pour intégrer la brigade motocycliste, à la suite d’une tragique perte dans ses rangs.

Pour Alice, la perte est double : le motard tué dans l’exercice de ses fonctions était aussi son compagnon. Retrouver ceux qui l’ont abattu devient alors une priorité. Et comme si elle n’avait pas déjà assez à faire, la santé de sa mère l’inquiète.

Pendant ce temps-là, Jacques Saussey nous laisse faire gentiment connaissance avec un monstre de sang-froid. Celui que sa femme surnomme “Loulou” est routier et maniaque, deux qualités bien utiles quand, comme lui, on rêve d’un plan parfait : tuer des gens de façon aussi méthodique que spectaculaire.

Loulou ne laisse rien au hasard et, entre deux escapades où il joint l’utile (son job de routier) à l’agréable (sa passion pour le meurtre), il rentre gentiment à la maison pour endosser le rôle du père presque parfait. Entendez : faire les devoirs avec le gamin avant d’aller terroriser le petit Kevin qui embête sa fille, sans oublier de combler Madame…

Il y a un sacré décalage entre les actes et les pensées froides du tueur, et c’est fascinant. La première partie met en place les pions sur l’échiquier, et ensuite, l’horreur monte crescendo.

Dans ce livre, c’est moins la traque qui retient le souffle que cette curiosité malsaine qu’on a tous : jusqu’où ira le monstre avant de se brûler ?

L’alternance entre Loulou et Alice crée un rythme qui accroche le lecteur et resserre peu à peu l’étau, tant autour du tueur que de nos héros. Et les passages où le bitume défile sont d’un réalisme bluffant : on sent le vent, la vitesse, l’adrénaline, bref, tout l’ADN du motard qui pulse dans l’écriture de Jacques Saussey.

Avec sa plume affûtée comme une lame, mais non dénuée d’humour, Jacques Saussey signe une fois de plus un thriller dérangeant, mais diablement électrisant. Le mal, chez Saussey, c’est un aimant. On sait qu’il va nous tordre les tripes, mais impossible de détourner le regard. Une force magnétique qui attire autant qu’elle dérange.

Ce livre ne fait que le confirmer : Jacques Saussey n’écrit pas des polars, il écrit des électrochocs. Et j’en redemande !

28 réflexions sur “« Invisible » – Jacques Saussey

    1. Oh, ça fait plaisir ! Alors, vraiment, il ne s’agit pas à proprement parler d’une suite, tu peux sans le moindre soucis le lire indépendamment ! Alice n’était pas le personnage principal dans le précédent, et tu n’auras pas de spoil dans celui-ci, donc si c’est invisible qui te tente, aucun problème !

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      1. Je n’y reviendrais pas comme avant, mes lectures actuelles me comblent largement, que ce soit au niveau de la plume, ou du fond. Le souci avec les thrillers, c’est que j’ai la sensation de tourner en rond et cela est répétitif d’un auteur à l’auteur et d’un livre à l’autre. Malheureusement, cela se renouvelle peu. Je pensais être la seule, donc le fait que tu me dise que la lassitude est présente chez les autres, cela me rassure un peu 😉
        J’ai une formation classique à la base, la littérature classique a toujours pris une part importante dans ma première vie… Et puis, ma seconde vie a fait que je suis revenue à la lecture par le polar, mais fondamentalement je préfère l’imaginaire, dystopie, uchronie ou autre et l’horreur dans le genre thriller. Mais je sais que je lirais de temps en temps des polars 🙂

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  1. Mais attends un peu, le roman Ce qu’il faut de haine, ce n’est pas celui avec une scène grouillant de petits vers ? Je me souviens de cette chronique, ca m’avait vaccinée. 😁 Du coup, je comprend mieux la scène d’ouverture de ce roman, elle a l’air bien corsée aussi. Mais n’empêche que ça a l’air très tentant tout ça !

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