Lu en : Novembre 2025

Avec Lisa Sandlin, j’ai embarqué pour un charmant voyage spatio-temporel : direction Beaumont, Texas, décembre 1973, là où l’air sent le bayou, et où deux héros m’attendaient de pied ferme : Delpha Wade et Tom Phelan.

Delpha, c’est la secrétaire de Tom, détective privé. Mais attention, ne lui collez surtout pas l’étiquette de pot de fleurs administratif ! Car Delpha est un rouage essentielle de l’agence qu’elle gère avec une efficacité redoutable et un sens de l’observation qui en remontrerait à bien des détectives. Tom en est parfaitement conscient ! Normal, ces deux-là n’en sont pas à leur première enquête. Et c’est là que j’avoue que, oui, j’ai encore commencé par un tome 3 ! Volontairement, même… Donc, il serait bien malvenu de ma part de m’en plaindre, D’autant que l’auteure nous donne les éléments manquants rapidement, à savoir que Delpha est une ex-taularde en conditionnelle et que Tom est, depuis, son employeur et qu’ils ont déjà traversé ensemble quelques épreuves. Je n’en dis pas plus, au cas où vous seriez tenté de commencer du début… J’ai beau avoir pris le train en marche, j’ai immédiatement trouvé le duo fort attachant, dans leur quotidien de privés avec au cœur l’envie de faire décoller l’agence ! (et pas que…)

Pour l’heure, leur nouvelle cliente est Emerald. Ou Ruby. Enfin, un peu les deux (vous comprendrez en lisant !)
Une drôle d’histoire de jumelles que voilà : l’une, derrière les barreaux, dépérit mystérieusement ; l’autre, fraîchement libérée, est persuadée qu’on empoisonne sa sœur. Delpha, qui ne connaît que trop bien l’univers carcéral et qui, surtout, a partagé un temps le quotidien des jumelles, accepte bon gré mal gré de replonger dans ses propres ombres pour éclaircir celle-ci.

Au même moment débarque un jeune mexicain au cœur brisé. Sa petite amie est morte, mais la famille de sa dulcinée lui refuse les explications auxquelles il estime avoir droit. On lui interdit jusqu’au droit de se recueillir sur une tombe…

Deux enquêtes et même un peu plus, dans un Texas rural qui grince sous la poussière et les secrets, et une ambiance si old school qu’on croit sentir la fumée de cigarette qui voile l’image du bureau de Phelan Investigations. Tout y est. On avance à un rythme de croisière maîtrisé : pas d’effet spectaculaire, pas de twist tiré par les cheveux, pas de superflu. Juste une plongée lente, solide et subtile dans un décor qui a autant de caractère que ses personnages.

Si j’ai parfois trouvé que l’intrigue s’éparpillait un peu, et quand bien même j’aurais aimé une fin plus éclatante (en mode feu d’artifice, même modeste), le roman reste d’une cohérence sans faille, servi par un duo terriblement attachant et un charme vintage absolument irrésistible. On est à mi-chemin entre enquête de fond et rubrique des chats écrasés, dans une ambiance rurale où, malgré tout, plane l’ombre de la guerre du Vietnam. Je n’aurais cependant pas été contre un approfondissement des mystères carcéraux qui, à eux seuls, auraient été un sujet suffisant à l’intrigue. Idem quant à la conclusion du chagrin amoureux du jeune Charlie. À charge du lecteur de tirer ses conclusions.

Pas la lecture de l’année, donc, mais malgré tout une agréable balade dans le Texas des années ’70 où je remettrai volontiers les pieds si, d’aventure, Delpha et Tom m’y conviait à nouveau !