« Le Seul coupable » – Jacques Saussey

Lu en : Septembre 2024

Paul Kessler est un ancien flic (déjà rencontré dans « l’aigle noir« ) qui vit plus ou moins paisiblement sa retraite dans le Var. Du calme, il y a droit, lui que la vie n’a pas spécialement épargné. Pourtant, un jour, sa maison est volontairement incendiée par une femme, Laurence Dumas, qui a parcouru 300 kilomètres juste pour cramer sa bicoque ! Plus personnel, tu meurs ! Lorsqu’il apprend le nom de l’incendiaire, Paul comprend que quelque chose cloche. En effet, cette femme ne lui est pas inconnue. Dix ans plus tôt, il avait enquêté sur le meurtre de sa fille. Aujourd’hui, Laurence Dumas est persuadée qu’il faut reprendre l’enquête, car le coupable arrêté n’est, selon elle, pas le bon…

Paul a tout perdu, ou presque, aussi décide-t-il de repartir à Lyon pour tenter d’y voir plus clair. Pour cela, il lui faut d’abord admettre qu’il a peut-être fait une erreur (faut laisser l’ego digérer deux minutes). Ensuite, s’il veut le prouver, il va devoir en convaincre également son ancienne équipe ! Ça ne sera pas chose aisée, au vu du différent historique qui l’oppose à la nouvelle cheffe de groupe.

Jacques Saussey a le don de maintenir son lecteur en haleine, et il remonte ici, plus ou moins officieusement, la piste d’une vieille histoire peut-être un peu plus complexe que ce qu’il y paraissait au départ.

Si j’aime énormément la plume de l’auteur qui nous emmène de rebondissement en rebondissement avec une intensité qui ne faiblit jamais, j’ai malgré tout regretté la tournure qu’a prise une partie de l’histoire, mais pour une raison que je ne peux pas explicitement évoquer sous peine de spoiler. Par moments, j’ai l’impression que certains dénouements suivent une tendance, presque comme un effet de mode, et leur répétition dans plusieurs ouvrages a quelque chose d’exaspérant. Cependant, après en avoir discuté avec d’autres lecteurs, il me paraît évident que les auteurs évoluent dans le même monde que nous. Ainsi, il est fort probable qu’ils s’inspirent, parfois inconsciemment, de références communes, ce qui explique l’émergence de thèmes récurrents.

J’ai bien conscience de finasser, car, si j’ai un peu tiqué, j’ai néanmoins passé un excellent moment de lecture. Jacques Saussey sait comment embarquer son lecteur, c’est indéniable, et son personnage de Paul Kessler est habilement travaillé. Ses personnages secondaires ne sont pas en reste, et j’ai aimé qu’il présente un groupe différent qui, s’il fonctionne bien, n’hésite cependant pas à faire quelques cachotteries à certains membres ! Mais, finalement, la cohésion est bien présente et, à force d’acharnement, Paul démontre qu’il a toujours l’instinct aussi aiguisé, tandis que le personnage de Zoé, jeune flic nouvellement intégrée, indique clairement que la nouvelle génération a aussi sa valeur ajoutée.

En somme, malgré quelques réserves, cette lecture m’a tenu en haleine du début à la fin. Entre tension, mystères et personnages finement ciselés, Jacques Saussey prouve une fois de plus son habileté à façonner des intrigues captivantes, où le passé a encore quelques messages à délivrer. Une chose est sûre, j’aimerais vraiment revoir Paul Kessler !

47 réflexions sur “« Le Seul coupable » – Jacques Saussey

      1. Avatar de laplumedelulu laplumedelulu

        J’en reviens à Jacques Saussey, un peu de sérieux de temps en temps 🤣, entre deux fraises, je le préfère dans ses one shot. Surtout « le loup peint ». Tu dois le connaître ma Nath ?

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  1. Ce que je reproche à cet auteur, ce sont ses excès, ses invraisemblances et ses facilités de scénarios. Malheureusement ces défauts ont l’art de me gâcher la lecture et de me faire hurler silencieusement.
    Bravo pour ta chronique nuancée Nath !!

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  2. Ah, c’est frustrant de ne pas savoir ce qui t’a chagriné dans ce roman, ce fameux effet de mode. Mais je suis d’accord avec toi sur le principe, les auteurs évoluent dans le même monde que nous, avec les mêmes références et les mêmes sujets de société et d’actualités. Ce qui amène forcément à des récurrences sur certains thèmes à certains moments. Enfin, l’important c’est que tu as passé un bon moment avec ce livre 🙂

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      1. Ah c’est vrai, je n’avais pas pensé à ça mais comme tu lis que du roman noir, et u dois vite te rendre compte de certaines similitudes c’est vrai. Après parfois, ça peut être complémentaire selon le thème abordé, chaque auteur présente sa propre vision d’un même fait 🙂

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      2. Je ne m’attendais pas à cette réponse Nath ! 😂 Je pense surtout qu’on n’a pas forcément envie de lire plusieurs fois de suite le même sujet, même si les auteurs sont très bons, et peu importe notre âge 😉

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  3. Il est dans ma PAL et tu me donnes envie de le sortir… en règle générale j’aime l’écriture de Jacques Saussey… Quant au phénomène de mode, je ne sais pas ce qu’il en retourne ici, mais tu as tout à fait raison… on retrouve souvent des éléments qui deviennent assommants tant on sent que c’est pour aller dans le sens de la mode du moment… ça a le don de m’agacer aussi ! 😉 en tout cas merci pour ta chronique !! 🙂

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  4. Avatar de Céline C. Céline C.

    Merci Nath pour cette chronique très intéressante et sincère ! J’aime bien Jacques Saussey, L’enfant aux yeux d’émeraude m’avait fascinée. Après on ne peut pas tout aimer de la production d’un auteur ; j’avais tenté L’aigle noir, mais ce fut l’abandon 😬.

    Tu m’as bien fait rire avec le fait que les auteurs partent dans les mêmes ressorts, avec les mêmes recettes … j’te jure ces auteurs de polar, quand même !! 😉. Ne me dis pas qu’il y a des jumeaux cachés là dessous dans ce polar 🤣

    😘

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