C’est vous qui le dites ! – Les coups de cœur de Nina

Présentation de la rubrique ici !

Aujourd’hui, nous recevons par ici l’une de mes plus fidèles collègues de blog, Nina, du blog Le Rest’o Littéraire, qui fut parmi les première à m’accueillir par ici et qui m’a initiée aux lectures communes ! Elle m’avait également poussée à ressortir quelques vieux classiques qui prenaient la poussière dans mes bibliothèques ! (nos péripéties pour rappel : « The girls » – « Le cercle » – « La nuit n’est jamais complète« , « Le songe d’une nuit d’été« , « Phèdre« , « La princesse de Clèves« ). Depuis, une vie mouvementée (elle nous en parle après) a convaincu Nina de se concentrer sur Instagram où elle nous fait part de ses retours de lectures, qui sont bien plus hétéroclites que les miennes !

Qui es-tu et où peut-on te suivre ?

Dévoreuse de livres du matin au soir et du soir au matin, je suis une petite nana de 32 ans étudiante en Master de Lettres par voie postale (c’est mieux au vu de la conjoncture!) et salariée en collège comme assistante d’éducation (malheureusement pour mes chers ados, pas par voie postale, mais par voix qui porte !). Il y a maintenant cinq ans, je me suis dit « Tiens, Nina ! Si au lieu d’assommer ton homme qui t’écoute parler 107 ans (un peu près hein, on est pas à 5 ou 10 ans près… !) de tes lectures, tu en parlais avec des gens aussi passionnés que toi ?! » (voilà comment j’ai sauvé mon couple haha). Et, mon compte fût. Si l’envie de partage littéraire vous fait vibrer et que vous voulez me trouver pour en parler, tapez lerestolitteraire sur Instagram et, n’hésitez pas ! En attendant, me voilà ravie de participer à la nouvelle rubrique de ma binômette et de partager avec vous mes coups de cœur :).

Parlons de tes coups de cœur !

« Les Dieux ont soif » – Anatole France

J’ai lu cette œuvre l’an dernier dans le cadre d’un de mes cours et je me suis prise de passion pour l’ouvrage.
Dans cet ouvrage, l’auteur installe son récit au cœur de la Révolution francaise, et plus particulièrement durant la période dite de la Terreur. Durant cette dernière, le régime politique se fonde sur un grande peur entretenue par des mesures despotiques et par des violences récurrentes. C’est dans cette atmosphère que l’on rencontre Evariste Gamelin, peintre raté empreint d’idées révolutionnaires et fan(atique) de Marat. C’est l’histoire d’un endoctrinement aveugle et aveuglant. À travers lui, j’ai ressenti le bouillonnement
révolutionnaire et ses illusions, la volonté du peuple de se constituer un avenir et la fine frontière entre le fanatisme et l’envie de justice. Anatole France se positionne, avec cet ouvrage, comme critique d’un épopée populaire que nous voudrions héroïque, mais que nous devons nuancer pour apprendre à sonder les âmes avant qu’elles ne deviennent aveuglées par la peur et la haine. Cette lecture est une ode à l’esprit critique et au besoin de morceler les évènements pour les comprendre. Une lecture idéologique et sociologique.

Résumé Babelio :

Les dieux ont soif : quand il choisit pour titre ce mot de Camille Desmoulins, Anatole France ne veut nullement rejeter sur une fatalité tragique les atrocités de la Terreur. Ce texte admirable décrit l’horreur du fanatisme, l’obscurantisme gagnant les Lumières elles-mêmes, la barbarie prenant le masque du progrès. En 1912, ce livre du patriarche de la Gauche française qui dénonçait les excès de la Révolution fut accueilli comme un paradoxe. Aujourd’hui, cette représentation alarmée de l’histoire se lit comme une lucide préface à l’horrible xxe siècle, un avertissement contre l’ignorance et la peur qui engendrent la bêtise, la grande tueuse.

« 1984 » – George Orwell

J’ai lu ce roman, il y a un peu plus de trois ans (et relu depuis haha), avec engouement. Intriguée et portée par le slogan « Big Brother is watching you » que tout le monde connaît me semble-t-il ! Cet dystopie, pas si dystopique, est un incontournable à qui veut réfléchir sur les conséquences du totalitarisme et de l’individualisme. Orwell nous peint une société étouffante où la liberté de faire et de dire est inexistante, où les hommes sont réduit à l’état de machine sous l’autorité de Big brother, entité omnisciente et allégorie impalpable. Cette création mythique de dirigeant universel s’infiltre dans chaque parcelle de vie et d’oxygène pour asseoir son pouvoir. Une lecture civique.

Résumé Babelio :

Année 1984 en Océanie. 1984 ? C’est en tout cas ce qu’il semble à Winston, qui ne saurait toutefois en jurer. Le passé a été oblitéré et réinventé, et les événements les plus récents sont susceptibles d’être modifiés. Winston est lui-même chargé de récrire les archives qui contredisent le présent et les promesses de Big Brother. Grâce à une technologie de pointe, ce dernier sait tout, voit tout. Il n’est pas une âme dont il ne puisse connaître les pensées. On ne peut se fier à personne et les enfants sont encore les meilleurs espions qui soient. Liberté est Servitude. Ignorance est Puissance. Telles sont les devises du régime de Big Brother. La plupart des Océaniens n’y voient guère à redire, surtout les plus jeunes qui n’ont pas connu l’époque de leurs grands-parents et le sens initial du mot « libre ». Winston refuse cependant de perdre espoir. Il entame une liaison secrète et hautement dangereuse avec l’insoumise Julia et tous deux vont tenter d’intégrer la Fraternité, une organisation ayant pour but de renverser Big Brother. Mais celui-ci veille…

« Réparer les vivants » – Maylis de Kerangal

J’ai lu ce roman il y a quatre ans. Je l’ai tellement aimé que je l’ai choisi l’an dernier pour un de mes dossiers universitaires dont le sujet était La nouvelle écriture du réel. Ce roman est un coup de poing monumental. Cinématographique, musical et gestuel, il traite notre rapport au corps et sa symphonie comme une chanson de gestes remastérisé version contemporaine. Maylis de Kerangal y use de son style du sublime anthropologique pour aborder le thème de la transplantation cardiaque. Un sujet non seulement contemporain mais aussi puissant par les cheminements qu’il ouvre : le deuil, l’espoir, la science et son avancée, la
dispersion du corps, l’empathie ; mais surtout le rappel de la vie et de la mort comme réalité effective humaine. Le coeur intervient dans l’oeuvre comme épicentre de la structure narrative : le coeur dans sa représentation physiologique et médicale, mais aussi dans son symbolisme, comme représentant de l’amour et contenant émotionnel. Ainsi, ce coeur dont la vocation est, ici, de migrer d’un corps mort à un corps qui restera vivant grâce à lui permet de questionner le revers de la greffe ; car si d’un côté, il est souvent évoqué l’espoir né par la greffe d’organe, il subsiste une zone de choc du côté du donneur moins explorée, ainsi qu’un protocole médical basé sur l’objectivation de la parole, du temps et des gestes. Dans ce roman, l’expérience individuelle vécue par les protagonistes prend une dimension collective grâce à ce thème universel. Une lecture anthropologique et vitale.

Résumé Babelio :

« Le coeur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d’autres provinces, ils filaient vers d’autres corps ». « Réparer les vivants » est le roman d’une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d’accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le coeur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l’amour.

« À vif » – Kery James

J’ai d’abord été voir la pièce au Théâtre du Rond-Point à Paris en 2017 en tant que fan depuis la première heure des écrit de Kery James, poète noir du rap francais conscient. Ensuite, j’ai immédiatement acheté la pièce au format papier. Pour la petite histoire Kery est une figure majeure de ma construction personnelle. Ses textes me bercent depuis mon adolescence et m’ont donné le courage et la détermination de croire que la banlieue n’est pas « condamnée à l’échec ». Actuellement en Master 2 comme je vous l’ai expliqué dans ma présentation, ma reprise d’études tardive est un combat que je mène depuis un peu plus de quatre ans en
parallèle d’une vie d’adulte salariée et l’aura de Kery est pour beaucoup dans cette histoire. J’ai d’ailleurs réussi à lui dédier mon mémoire dans lequel j’avance avec la fierté de pouvoir mettre en avant des écrits trop souvent considérés comme illégitimes dans le classicisme universitaire… Mais revenons à la pièce. Ici, dramaturge engagé, Kery propose une joute verbale entre deux élèves avocats en compétition pour la finale du concours d’éloquence de la Petite Conférence sur la question suivante :
« L’Etat est-il le seul responsable de la situation actuelle des banlieues ? ». Dans le rôle de Souleymann, Kery défend la négative tandis que Yann Jaraudière y défend la positive : choix individuel et responsabilité d’un côté face au déterminisme social et à la victimisation de l’autre. Existentialisme réactualisé, Kery James a fait le choix de la sincérité en nous offrant une possibilité : celle de nous apercevoir de NOS possibilités ! Une lecture humaniste.

Résumé Babelio :

Kery James, rappeur et poete humaniste, écrit une joute en phase avec le monde : deux avocats s’affrontent, les voix de “deux France” opposées, nantis et délaissés. Une agora passionnée pour un théâtre politique, radical.
* * *
L’Etat est-il seul responsable de la situation actuelle des banlieues en France ?
Deux élèves avocats, Soulaymaan Traoré et Yann Jareaudière, défendent des positions opposées. Pour le premier, l’Etat est coupable. Le second atteste que les citoyens sont responsables de leur condition. Ils ont de la répartie, ils crient, ils rient aussi. Un dialogue éclatant et passionné : l’exercice convoque deux France pour enfin les faire s’entendre.

Mille mercis à Nina pour ce partage qui, je l’espère, fera gonfler vos PAL !

La semaine prochaine, ce sera au tour de Sacha Erbel (auteure et flingueuse au collectif polar) de venir nous présenter ses coups de cœur littéraires !

8 réflexions sur “C’est vous qui le dites ! – Les coups de cœur de Nina

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