« Je suis la maman du bourreau » – David Lelait-Helo

Lu en : Décembre 2022

Décembre 2022 : exceptionnellement, moi qui adore les fêtes, je n’arrivais pas à me mettre dans l’ambiance. Trois jours pour faire mon sapin, aucune envie de faire péter les baffles avec mes playlists insupportables de Noël, un état d’esprit passablement morose (ou juste une prémonition, vu comment se sont terminées mes fêtes, allez savoir !). Toujours est-il que ce n’était peut-être pas le meilleur moment pour sortir ce roman de ma PAL, pourtant, j’avais vraiment envie de le découvrir ! Surtout après avoir rencontré son auteur au salon Iris Noir. Donc, déjà dans une période un peu sombre, j’ai plongé dans le cœur de Gabrielle de Miremont, ce qui ne m’a pas franchement remonté le moral, que du contraire !

Gabrielle, elle a 90 ans. Elle est riche. Elle est digne. Elle est pieuse. Elle est austère. Elle déteste les effusions. Gabrielle est un pur produit de l’aristocratie, et c’est ainsi qu’elle a élevé ses enfants. Sa plus grande réussite : son fils cadet, dont les attitudes sont exactement celles que sa mère attend. Parfaite conclusion a une éducation stricte, Pierre-Marie est devenu prêtre ! Quelle fierté pour sa mère !

Jusqu’au jour où son monde s’écroule, parce qu’un policier vient lui annoncer la mort de Pierre-Marie. Mais nous apprenons vite que cet enfer ne s’est pas ouvert pour Gabrielle sur cette déclaration mais qu’elle en est plutôt la conclusion.

Ce qui l’a menée à cette funeste annonce, nous le découvrons au fil des pages, et nous assistons à cet instant fatidique où, enfin, le vernis craque…

L’auteur a dégainé sa meilleure arme : sa plume (sa plume… 🪶 petit clin d’œil à cette private joke que seules les personnes présentes une certaine soirée d’octobre peuvent comprendre !😉). Et elle est efficace, sa plume, belle, envolée, tragique, poétique. Un ensemble absolument magnifique qui sert à comprendre comment, d’un coup, les certitudes d’une vie peuvent exploser. Pour Gabrielle, ce sera la sortie d’un article sur la pédophilie au sein de l’église qui mettra le feu aux poudres. Elle s’insurge, elle, la chrétienne fervente. Puis elle vacille, ensuite elle s’écroule.

Le thème est difficile, il est abordé d’une manière originale et convaincante. Je n’aurai qu’un bémol : difficile, me concernant, d’entrer en empathie avec Gabrielle. Oui, cette fin de vie est affreuse et Gabrielle va en baver. Mais cette vie qu’elle s’est choisie, sans la moindre spontanéité, pétrie d’obligations d’un autre siècle, je n’ai pas pu la comprendre, et la claque qu’elle prendra m’a émue pour la victime, mais pas pour elle. Son dernier sursaut d’orgueil sera peut-être le seul moment où j’aurai été en accord avec ses choix !

Mais abstraction faite de cet attachement qui m’a manqué, je ne peux que souligner la justesse du ton et la profondeur des émotions qui emplissent ces pages ! Une lecture difficile que je n’aurais peut-être pas dû entamer alors que mon moral était déjà vacillant, mais une lecture inoubliable, c’est certain !

10 réflexions sur “« Je suis la maman du bourreau » – David Lelait-Helo

      1. Tant mieux si tu vas mieux. Je comprends le passage à vide, on m’ a proposé une hospitalisation la semaine dernière. Laisse décembre et 2022 derrière toi et je suis sûre que 2023 sera une année plus douce pour toi. En tout cas, ce sont les ondes que je t’envoie (tu les as bien reçues ?)

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